Le flux tiré n’est pas une technique nouvelle. Les boucles kanban, à l’ère industrielle, existent depuis au moins le milieu du 20ème siècle. Il est probable que le principe existe depuis bien plus longtemps, tant il est simple et logique : remplacer ce qui a été consommé, de manière à cadencer la chaîne d’approvisionnement sur la consommation réelle. Allez savoir, peut être que l’approvisionnement des blocs de pierre pour la construction des pyramides était organisé comme ça ?
Curieusement, au 21ème siècle - on est peut-être devenus trop intelligents, à coups d’ordinateurs et pourquoi pas d’IA - ces principes-là se sont étiolés. Les boucles kanban et le cadencement de flux en mode tiré est le plus souvent cantonné à un petit secteur : au cœur d’un atelier, à la faveur du déploiement de tactiques Lean, peut-être entre un client et un fournisseur.
Dans mon propre parcours industriel j’ai travaillé à mettre en œuvre les tactiques de flux tiré sur le périmètre le plus large possible, mais je me suis souvent heurté à des barrières. OK pour mettre du flux tiré dans l’usine, mais l’usine expédie au réseau de distribution – qui est sous une autre responsabilité, tu ne peux pas y changer les pratiques. Le signal de réappro qui vient du réseau de distribution est très instable et erratique ? Ce n’est pas ton sujet, débrouille-toi pour que l’usine sache faire, nous on a des commerciaux et des prévisionnistes qui font leur boulot !
De mon expérience, les principaux obstacles au déploiement de flux tiré d’un bout à l’autre de la supply chain sont là :
Lorsqu’il y a une dizaine d’années j’ai rejoint le mouvement Demand Driven promu par le DDI, ce qui m’a particulièrement séduit c’est cette promesse de pouvoir déployer un flux tiré de bout en bout, et cadencer l’ensemble des opérations sur la demande / sur la consommation :
L’évidence, pour les praticiens expérimentés de la supply chain, allait donc enfin pouvoir s’imposer, et le flux tiré être déployé pour toutes les entreprises !
Mmmmh.
On n’y est malheureusement pas encore. Nous avons effectivement accompagné plusieurs entreprises dans la mise en place d’un flux tiré end to end, incluant distribution, planification de production, pilotage de l’atelier, approvisionnements – sur l’ensemble des sites de l’entreprise.
Ce sont clairement des success stories. Ces entreprises témoignent volontiers des bénéfices significatifs de cette transformation end to end. Mais ces entreprises restent minoritaires.
Nos clients qui ont eu le plus de succès pour mettre en œuvre un flux tiré end to end sur l’ensemble de leurs sites partagent quelques caractéristiques intéressantes :
On pourrait se dire que ces critères ne se trouvent que dans des entreprises de taille intermédiaire – un CA de quelques centaines de millions d’Euros – mais nous témoignons de réussites similaires pour des entreprises de plusieurs milliards d’Euros.
A l’inverse, plusieurs programmes initialement ambitieux restent un peu à mi-chemin, ou prennent beaucoup plus de temps qu’escompté.
Le temps est l’ennemi d’un programme de transformation ambitieux. Si votre programme s’étire sur de nombreuses années, s’il est trop morcelé, vous risquez de vous confronter à quelques difficultés, que nous avons observé chez certains de nos clients :
La réponse à la question de départ - le flux tiré “end to end” est-il possible pour votre entreprise ? – est sans ambiguïté OUI, n’en doutez pas. C’est non seulement possible mais c’est sans doute une condition de succès et de pérennité. Toyota a montré la voie il y a bien longtemps, et en a amplement démontré l’efficacité.
Comment réussir ?
A la clé vous disposerez d’une supply chain beaucoup plus agile, qui s’adapte en continu aux évolutions de la demande.
Et n’oubliez pas : une fois que vous aurez déployé sur l’ensemble de vos sites internes, il restera à communiquer le virus à vos fournisseurs et à vos clients !