On ne va pas se mentir. En tant qu’adepte forcené du Lean j’ai une aversion instinctive pour les tailles de lot. Longtemps j’ai pensé que l’idéal serait qu’au moment ou un consommateur a besoin de quelque chose, ce soit fabriqué et mis à disposition, à l’unité, quasi instantanément. Et donc toute taille de lot – palette complète, camion complet, campagne de production – est un ralentissement de ce flux.
Plus fréquemment on peut fabriquer et livrer des petits lots, mieux c’est pour s’adapter à la demande réelle, n’est-ce pas ?
Cependant si on examine les opérations d’une supply chain à l’aulne de son impact environnemental, la notion de massification apparaît immédiatement comme essentielle. Tous ces camions, avions, conteneurs, bateaux qui voyagent en partie à vide ont un impact carbone considérable. Il faut donc faire des conteneurs et camions complets, des palettes complètes, etc.
Le défi est donc : peut-on s’adapter en continu à la demande client, de manière agile, tout en réduisant l’empreinte carbone de nos supply chains ?
En fait plusieurs aspects d’un modèle Demand Driven favorisent le verdissement des supply chains… si l’on s’y prend bien.
C’est le cœur du modèle de flux tiré Demand Driven : fabriquer et transporter seulement ce qui correspond à la demande réelle. Les stocks obsolètes qui finissent dans un outlet ou pire dans une décharge sont sans doute une des premières sources d’inefficience environnementale. Le déploiement de tactiques DDMRP a largement démontré son efficacité dans ce domaine – en permettant de maîtriser et de réduire les flux « bleus ».
Générer des palettes, conteneurs, camions complets n’est pas si simple. La majorité des systèmes ERP ne proposent pas de solution simple et efficace pour cela – en particulier quand il s’agit de mixer dans un même contenant des marchandises hétérogènes. En facilitant la gestion de priorités relatives et d’unités de mesure alternatives, le « load optimizer » d’Intuiflow permet de faire ça en un clic – en assurant que cette massification soit alignée avec la demande réelle.
La même logique s’applique à la production : des changements de série, des nettoyages énergivores et des pertes matières peuvent être réduits avec les logiques de planification et d’ordonnancement groupés.
Lors de la mise en œuvre d’un modèle Demand Driven, la première étape est de le concevoir. Il s’agit en particulier prendre deux pas de recul par rapport à la conception des flux, et de positionner de manière pertinente des points de découplage.
Ces points de découplage ont de multiples fonctions, dont celles de :
Ce travail de conception de réseau – de positionnement et de dimensionnement des stocks – permet aussi de mettre en relief l’impact des délais… et alimenter les réflexions sur le raccourcissement des distances parcourues par les marchandises dans notre chaîne.
Les changements de cadence dans une supply chain sont délétères. Le phénomène bien documenté de l’effet coup de fouet est limité par le fonctionnement en flux tiré d’une modèle Demand Driven. La vérité de la grande majorité des marchés est qu’il y a de la récurrence dans les besoins et de l’inertie dans les changements de rythme effectif de consommation des clients finaux. La majorité des fluctuations en amont sont causées par nos pratiques de planification – et on ne réalise pas que ces fluctuations parfois extrêmes ont un coût environnemental. Freiner ou accélérer crée des régimes transitoires qui sont aussi couteux pour la planète. Accumulation de conteneurs aux ports, transports aérien exceptionnels… ça vous est familier ?
La réduction de l’impact écologique d’une supply chain nécessite un travail à la fois heuristique et attentif au détail. On doit se reposer les questions de conception du réseau end to end, ainsi que mettre en œuvre des routines quotidiennes qui optimisent les transports et l’efficacité énergétique. Le modèle Demand Driven n’est pas en soi une solution écologique, mais il peut permettre d’alimenter la prise de décisions qui vont dans le bon sens.