Dans mon dernier billet, j’ai parlé brièvement des avantages de la planification des besoins matière pilotée par la demande (DDMRP) : réduction des niveaux de stock et augmentation des niveaux de service.
Vous vous dites peut-être : « Oui, Ivan, tout cela semble bien, mais n’est-ce pas ce que d’autres méthodologies comme le Lean Manufacturing étaient censées faire ? Quelle est la différence ici ? »
Si tel était le cas, vous auriez raison. Le DDMRP exploite certains des principes que l’on trouve dans d’autres méthodologies, mais il les modifie et les organise en un processus cohérent, organisé et facilement exécutable. Le premier principe clé, et celui qui distingue le DDMRP de nombreuses autres approches, est celui du découplage des buffers.
Le DDMRP profite du prépositionnement de stocks stratégiques de découplage (buffers) pour assurer la réactivité à la demande réelle et la gestion organisée des priorités d’approvisionnement. Ce mécanisme de découplage stratégique protège le flux d’informations et de matières pertinentes, car le système est établi de manière à permettre aux buffers d’absorber à la fois la variabilité de l’offre et de la demande, limitant ainsi les perturbations que la logique de planification traditionnelle déclenche à chaque nouveau cycle de planification (la fameuse « nervosité » du MRP traditionnel).
EN QUOI DDMRP DIFFÈRE-T-IL DU MRP TRADITIONNEL ?
Il faut noter que le MRP traditionnel fait également appel aux stocks de sécurité pour se « protéger » contre les variations de l’offre et de la demande. Cependant, très souvent, les stocks de sécurité traditionnels sont calculés à partir de données périmées ou même simplement estimés sur la base de l’expérience des opérateurs. En outre, selon ma propre expérience de consultant, je vois rarement les industriels prendre le temps de mettre à jour les stocks de sécurité plus d’une fois par an. Le plus souvent, ils ne peuvent même pas se souvenir des paramètres qui ont dicté le dimensionnement initial.
Le MRP propose également des ordres de réapprovisionnement en fonction de la consommation future prévue (prévisions). Mais comme on le constate souvent, les prévisions sont toujours erronées, et plus on essaie de prévoir, plus elles sont erronées. Peu importe si nous bricolons les processus et protocoles de prévision, c’est toujours le cas.
Et ça ne va pas s’arranger. La réalité actuelle est très différente de celle qui existait lorsque le MRP a été conçu et adopté dans les années 50 et 60. Notre contexte actuel se caractérise par une volatilité extrême et des temps de réaction exigés par un marché en constante evolution. Pour contrer cette volatilité, des stocks de sécurité sont inclus dans les paramètres de planification, mais ils s’avèrent souvent inefficaces et exacerbent l’effet de fouet.
POURQUOI LA PRODUCTION AU PLUS JUSTE ÉCHOUE SOUVENT
Les experts du Lean Manufacturing et les partisans de la logique Pull ont abordé, au moins partiellement, les problèmes de nervosité par le biais de mécanismes de synchronisation tels que le lissage de la demande (par exemple, le tableau Heijunka) et les signaux de réapprovisionnement basés sur la consommation (par exemple, le Kanban et le supermarché Pull).
Au fil des ans, j’ai mis en œuvre de nombreux systèmes Lean et Pull et j’ai pu constater certaines faiblesses intrinsèques de cette approche. L’un des principaux défis est la difficulté de fusionner la gestion des données dans le système ERP avec des structures de découplage placées sur le terrain.
Très souvent, les fabricants finissent par mener « hors système » un processus d’appro basé sur les supermarchés Kanban et Lean. Bien que cela fonctionne sur le papier (parfois littéralement sur le papier), cela peut facilement faire dérailler le système, surtout si l’on tient compte de la réalité des marchés et des ateliers d’aujourd’hui : saisonnalité, changement des profils de consommation, perte des cartes Kanban, etc.
Le DDMRP offre un moyen de tenir compte de la visibilité de la demande avec des buffers de découplage que les approches purement basées sur la consommation du Pull et du Lean Manufacturing ne permettent pas. Cela devient plus évident à mesure que l’on étudie le fonctionnement de ces buffers dynamiques, mais pour l’instant, on peut dire que le monde du Lean Manufacturing est un peu comme un ancêtre du DDMRP.
6 AVANTAGES SUPPLÉMENTAIRES DU DDMRP
Dans mon dernier billet, j’ai mentionné quelques uns des avantages les plus notables du DDMRP : la réduction des niveaux de stock et l’augmentation des niveaux de service. Généralement, mes clients réduisent leurs niveaux de stock de 15 à 30 % par rapport à leur situation de départ dans les semaines qui suivent la mise en œuvre.
Mais les avantages du DDMRP sont bien plus nombreux pour ceux d’entre vous qui ont des objectifs de KPI supplémentaires dans le cadre de leurs efforts d’amélioration continue. En voici quelques-uns :
1. UNE OBSOLESCENCE MOINDRE.
Lorsque vous ne commandez que ce dont vous avez besoin, votre stock a moins de temps pour devenir obsolète. Cet avantage du DDMRP est particulièrement prononcé dans la fabrication de biens de consommation, qui porte souvent sur des articles périssables. Chad Smith, du Demand Driven Institute, a enregistré un webinaire sur les avantages du DDMRP dans l’industrie des biens de consommation courante (FMCG). Vous pouvez le trouver sur la page de ‘Documentation’ de Demand Driven Technologies ici.
2. LE NIVEAU DE SERVICE AUGMENTE.
L’amélioration des niveaux de service peut être constatée à la fois dans la réduction des délais (toujours importante pour ceux d’entre vous qui évoluent sur des marchés très concurrentiels) et dans l’amélioration du respect des dates d’engagement.
3. UNE AGILITÉ ACCRUE.
Il est difficile d’établir un lien avec une mesure spécifique, mais comme nous l’avons déjà dit, lorsque vous n’encombrez pas votre pipeline avec une production et des matières excédentaires, vous pouvez être plus réactif aux demandes des clients. La plupart de mes clients considèrent que cela se traduit par une augmentation des ventes.
4. MOINS DE TEMPS A COURIR DANS TOUT LES SENS.
Dans certains environnements de production, le sentiment de panique est presque palpable. En effet, chaque modification du plan de production implique que l’atelier doit s’adapter en toute hâte. Souvent, c’est « tout le monde sur le pont », le personnel étant prié de rester tard pour terminer une commande.
Si je ne peux pas dire que le DDMRP ne signifie jamais devoir s’adapter à des demandes de dernière minute ou à des retards inattendus, mais il y en a beaucoup moins à gérer car vous mettez déjà en réserve vos ressources essentielles et, là encore, vous n’encombrez pas la production de travail dont vous n’aurez pas besoin. Et, lorsque les choses se présentent, vous pouvez vous adapter plus facilement aux opportunités et aux défis des clients et du marché.
5. DES COÛTS DE GESTION DES COMMANDES MOINS ÉLEVÉS.
Avec moins d’interventions de dernière minute et de frénésie autour de la production, les autres coûts diminuent. Par exemple, les planificateurs n’ont pas besoin de passer autant de temps à ajuster et réajuster le plan. (Ce qui laisse plus de temps pour travailler sur des activités à plus forte valeur ajoutée pour l’organisation). Il faut également moins d’urgences, de sorte que le coût des produits diminue, tout comme les frais indirects tels que les coûts de transports.
6. DES MARGES PLUS ÉLEVÉES.
Les marges souffrent lorsque les industriels doivent baisser leurs prix pour gagner des parts de marché ou lorsque les frais généraux, comme le coût des urgences, augmentent. Le DDMRP permet souvent aux fabricants de réduire les délais de livraison de manière si radicale qu’ils ne sont pas obligés de baisser les prix pour être compétitifs. Nombre d’entre eux ont même été en mesure d’appliquer une majoration de prix. Et, comme nous venons de le dire, un plan de production plus prévisible et moins variable permet de réduire les frais généraux qui peuvent également impacter les marges.
LES BONS OUTILS PEUVENT ARRÊTER LE BRUIT
Dans l’ensemble, le système est moins bruyant avec le DDMRP, surtout lorsque vous utilisez des outils comme ceux proposés par Demand Driven Technologies. Des tableaux de bord basés sur différents rôles montrent aux planificateurs et aux autres acteurs ce qu’ils doivent faire précisément pour la journée, en concentrant leur attention sur les éléments les plus critiques en premier lieu. Et, contrairement aux solutions hors système utilisées avec d’autres méthodologies, les outils DDMRP de Demand Driven Technologies peuvent facilement être intégrés de manière bidirectionnelle avec presque tous les systèmes ERP du marché actuel.
Si vous avez des questions sur DDMRP ou sur l’un des points que j’ai abordés dans ce billet, n’hésitez pas à me contacter sur LinkedIn ou à contacter directement Demand Driven Technologies pour explorer l’impact potentiel du DDMRP dans votre organisation.