Nous sommes tous différents…
La question est récurrente. « Nous travaillons à la commande, est-ce que c’est pertinent pour nous ? ». « Pour de l’automobile d’accord, mais nous on est dans l’aéronautique, on a beaucoup plus d’articles ! ». « Nous avons beaucoup de contraintes, est-ce compatible ? ». « C’est pour des grands groupes, non ? Nous sommes une PME ! ». « D’accord pour des produits simples, mais lorsqu’on a des nomenclatures complexes ? »
« Oui, mais chez nous c’est différent ! » – n’est-ce pas ?
Chaque entreprise est différente, bien sûr. Pour chaque entreprise un modèle de pilotage adapté est requis. Est-ce que le modèle Demand Driven est pour vous ?
Le risque de l’uniformisation
Les méthodes, les standards, les bonnes pratiques permettent de progresser. Cependant plaquer un modèle standard sur une entreprise n’est pas nécessairement une grande idée. Prenons l’exemple de la logique MRP incorporée dans nos systèmes ERP. On a décliné cette même logique au travers de l’industrie : Prévisions, Plan Industriel et Commercial, Programme Directeur de Production, Demande dépendante, Calcul de besoin nets, stocks de sécurité, DRP, etc. Était-ce toujours adapté ? A l’évidence non, avec des conséquences parfois dramatiques.
Donc prudence et méfiance : si on vous fait l’apologie d’un nouveau modèle magique « Demand Driven », DDMRP, DDAE, DDOM, etc. Prenez le temps de comprendre ce qu’il y a pour vous là-dedans, et de transposer à votre réalité d’entreprise !
Une grande diversité de retours d’expérience
J’avais eu la chance début 2014 d’assister à la conférence Demand Driven qui se tenait à Portland, une des premières rencontres entre entreprises, alors pionnières, qui avaient déployé les méthodologies Demand Driven.
J’avais été étonné par la diversité des contextes présentés. Il y avait aussi bien le témoignage d’un grand groupe de FMCG, que d’une société fabricant à la commande des excavatrices pour l’industrie minière, que même une entreprise ETO – concevant ces produits à la commande dans un mode projet. Il y avait des grands groupes et des PMEs.
Je vous parle d’une époque d’avant l’essor de DDMRP. Les logiciels « DDMRP compliant » n’existaient pas encore, en fait l’évènement ressemblait à une conférence utilisateurs de Demand Driven Technologies, qui avait alors trois ans d’existence.
Depuis la méthodologie DDMRP s’est répandue, les logiciels conformes ont proliféré, des éditeurs majeurs d’ERP en ont reconnu la pertinence, et donc les retours d’expérience se sont multipliés. N’hésitez pas à explorer les études de cas sur le site du Demand Driven Institute ou sur notre propre site, vous y trouverez tous types de contextes !
Oui, c’est pour vous, mais…
Dans quel cas est-ce que le modèle Demand Driven ne s’applique pas ? Lors de notre conférence utilisateurs de mars dernier, Chad Smith, cofondateur du Demand Driven Institute l’a résumé ainsi :
- Si votre entreprise n’est pas confrontée à de la variabilité (de la demande, de fourniture, managériale)
- Et si vos délais cumulés d’approvisionnement, de transformation et de livraison sont inférieurs au délai attendu par vos clients
… alors Demand Driven n’est pas pour vous !
Peut être que si vous pilotez un atelier très surcapacitaire d’imprimantes 3D pour faire de la fabrication additive vous échappez à ces critères, sinon…
Cependant il faut réaliser que le modèle Demand Driven comprend un ensemble cohérent de techniques, de processus et d’outils, mais que la mise en œuvre doit être adaptée à chacun. C’est d’ailleurs une force de la méthodologie : la première étape consiste à concevoir le modèle de pilotage piloté par la demandequi convient à votre entreprise au moment présent. Et ensuite à faire évoluer, à adapter ce modèle.
MTS, MTO, ETO, VATI, tous différents !
A chaque nature d’entreprise et de flux ses techniques appropriées. Si vous êtes dans un mode MTS (fabrication sur stock, circuit de distribution, commerce de détail), les techniques de base de DDMRP vont parfaitement bien s’appliquer, tout au long de la chaîne.
Si vous êtes dans un mode MTO (fabrication à la commande) ou mixte MTO / MTS, les techniques DDMRP vont pouvoir s’appliquer, plutôt en amont de la chaîne, sur les composants ou semi finis récurrents. Mais pour piloter vos flux end to end vous avez besoin de mettre en œuvre un modèle de pilotage complet, intégrant la programmation des points de contrôles critiques de vos flux, et les mécanismes de buffers de capacité et de buffers de temps. Ce que l’on désigne comme le DDOM (Demand Driven Operating Model).
Si vous êtes en ETO, vous ferez aussi appel aux techniques du DDOM, que peut être vous devrez compléter par des techniques de pilotage de projet par la chaîne critique.
La nature de vos flux va aussi induire des problématiques et des logiques de pilotage différentes. On a coutume de catégoriser les flux sous l’acronyme VATI, comme décrit sur le schéma ci-dessous.
Par exemple si vos flux sont en V (on réalise et distribue une multitude de produits finis à partir de peu de composants de base), votre enjeu sera de différencier au plus tard et de tirer partie de priorités relatives alignées sur la demande.
Si vous êtes en A (fabrication d’assemblages regroupant de multiples composants), votre enjeu sera de sécuriser l’assemblage final en délai court en sécurisant la disponibilité des composants avant assemblage. A chaque contexte son modèle adapté.
Ne pas adapter son modèle de pilotage peut avoir des effets désastreux. On rencontre par exemple de multiples entreprises en « V » qui ont mis en œuvre un modèle standard MRP / DRP, puisque c’est le standard promu par leur fournisseur d’ERP. Ces entreprises déploient donc des efforts colossaux pour réaliser des prévisions au niveau le plus détaillé (le sommet du V), et les agréger en remontant les besoins le long de la chaîne, ce qui induit mécaniquement des prévisions peu fiables, et en amont un signal très variable, distordu, et des stocks déséquilibrés. Si vous êtes en V, ne faites pas ça !…
Adaptez votre modèle et adoptez les bons outils
Oui, le modèle Demand Driven est pour vous. Mais vous devez bien comprendre quels éléments mettre en œuvre pour répondre à vos spécificités. Vous devez aussi sélectionner les solutions logicielles adaptées : un logiciel DDMRP suffira souvent pour du MTS, mais pour du MTO ou ETO vous aurez besoin d’une solution « DDOM compliant ».