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Comment visiter une usine ?

Par Mohamed
Deux personnes dans un environnement industriel très fréquenté portant des gilets haute visibilité ; un gilet est étiqueté « visiteur » et l'autre « inspecteur ». visible de l'arrière, se concentrant sur les visiteurs dans un environnement de travail.

Les usines, c’est là que se crée la valeur – les flux d’une usine sont structurants sur l’aptitude de l’entreprise à répondre à ses marchés.

Lorsque vous visitez une usine, au-delà des machines dernier cri, des technologies impressionnantes, du 5S exemplaire (ou pas), essayez de comprendre comment ces flux sont connectés aux besoins de l’entreprise et de ses clients.

Une visite, c’est rapide – une heure ou deux – vous devez essayer rapidement d’en tirer quelques éléments clés.

Lorsque je visite pour la première fois une usine, je demande, si c’est possible, de partir de la fin du processus, et de remonter vers l’amont / jusqu’aux matières premières.

Parfois ça déstabilise, on est plutôt habitués à partir de la réception des marchandises et à suivre les étapes de transformation, dans le sens du flux.

Partir des produits finis, de la manière dont ils sont expédiés aux clients, permet de mieux comprendre le modèle de fonctionnement. Y compris de poser des questions simples : fabriquez-vous sur stock ou à la commande ?

De manière surprenante la réponse à cette question n’est pas toujours claire – il faut creuser le point si comme je l’ai entendu récemment la réponse est « on fabrique à la commande sur prévisions » … J’ai aussi entendu « on fabrique à la commande, passée par notre réseau de distribution ». Hum.

Partir des produits finis permet de questionner sur la demande client, sur les délais attendus par ceux-ci, sur les options de lissage de charge, sur les variantes produit à livrer, et éclaire le flux amont en lui donnant du sens – ce flux a une finalité.

Cette démarche va faciliter l’identification des points de découplage existants ou pertinents à créer, des étapes de différentiation, des contraintes dans le flux – et des impacts de ces contraintes (capacitaires, de changement de série, de campagne, de séquencement…) sur l’aptitude à répondre aux besoins client.

Un modèle opératoire industriel n’est pas là pour faire tourner des machines ou occuper des opérateurs de manière efficiente. Il est là pour répondre à une demande client, et générer du profit en le faisant. Le sens premier de « Demand Driven » est celui-ci : piloter un flux pour répondre à une demande client, de manière efficiente.

Si en remontant le flux de l’usine vous voyez des en-cours sans relation avec votre compréhension de la demande client, si vous constatez des productions qui semblent déconnectées des délais attendus ou des fréquences de changement de série, questionnez !

Dans chaque atelier, quelques questions clés :

  • Est-ce qu’ici on est en avance ou en retard ? Comment je le vois ?
  • Qu’est-ce qu’on va fabriquer ensuite ? Pourquoi fabriquer ça ? Est-ce qu’on est prêts pour cette production suivante ? Comment je le vois ?

Si vous en avez l’opportunité, avant de visiter une usine, collectez des informations – la visite s’éclaire d’un jour nouveau si vous avez pu en amont préparer des questions basées sur des données.

De mon expérience deux types de données sont précieuses :

  • Des historiques de vente ou de demande quotidienne pour les produits finis de l’entreprise. En les analysant, en faisant des simulations, vous pourrez en avance de phase avoir des indications sur le signal auquel l’usine doit répondre – et votre questionnement sera plus incisif.
  • Des historiques de transactions sur les étapes de fabrication, pour les analyser au travers du process mining. Vous visiterez ensuite l’atelier avec les diagrammes de flux et les constats de files d’attente sous les yeux, ce qui va vous permettre d’engager tout de suite un échange étayé avec vos interlocuteurs.

Dans tous les cas, à l’issue de la visite, et quand c’est encore frais dans votre esprit, dessinez un diagramme macro des flux que vous venez de parcourir, en identifiant les points clés : contraintes, stocks, files d’attente.

Ces quelques principes s’appliquent aussi au-delà d’une usine. Si vous évaluez une supply chain end to end, aussi complexe soit elle, commencez par la fin – par la demande – identifiez les contraintes majeures, et dessinez les flux macro. Ce support vous permettra ensuite de fédérer les acteurs impliqués pour définir le modèle cible.

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