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Intuition et complexité

Par Bernard Milian
intuitive supply chain: brain

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous exerçons notre intuition ?

Une revue scientifique française a récemment consacré un dossier passionnant à l’intuition (Science & Vie, Août 2021 https://www.science-et-vie.com/archives/n-1247 ). Il y apparaît notamment que l’intuition est la mise en œuvre automatique par notre cerveau de connaissances accumulées dans notre mémoire à long terme.

Loin d’être un processus aléatoire et donc peu fiable, l’intuition fait appel à la mise en œuvre réflexe de nos expertises. Ce processus est bien plus rapide qu’un raisonnement déductif qui fait appel à notre cortex préfrontal. « Une sorte de court-circuit, de raccourci, se met en place grâce à l’expertise, ce qui évite d’avoir à parcourir toutes les étapes que l’on ferait consciemment pour résoudre un problème » selon Axel Cleeremans, professeur de psychologie cognitive à l’université libre de Bruxelles, cité par la revue.

L’intuition face à la complexité.

Nous l’avons souligné à plusieurs reprises, nos entreprises évoluent dans un monde de plus en plus complexe, volatile, incertain, ambigüe.

Dans un tel contexte, le raisonnement déductif est souvent mis à mal : nous avons du mal à identifier les faits, les liens de cause à effet, et le temps que nous menions nos raisonnements rationnels (nos cycles formels de planification par exemple) l’environnement a déjà changé.

Mettre en œuvre instantanément une expertise accumulée ouvre indéniablement des opportunités : nous pouvons prendre au jour le jour, au fil de l’eau, des décisions intuitives pour adapter notre réponse à un environnement changeant, au lieu de mener des analyses détaillées sur des cycles de planification plus long. Un exemple donné dans un des articles de la revue fait référence a une prise de décision 8 fois plus rapide que via un raisonnement logique.

Il est possible que certaines de ces décisions intuitives prises au fil de l’eau ne soient pas parfaites / exactes – mais la fréquence accrue de révision et d’adaptation fait qu’une décision imparfaite a une moindre portée et est rapidement ajustée. A peu près bon, c’est mieux que précisément faux…

Un modèle opératoire piloté par la demande (DDOM) permet de mettre en œuvre au jour le jour – voire à la minute dans nos ateliers – des décisions intuitives qui sont effectivement alimentées par l’expertise accumulée des équipes qui ont élaboré le modèle. La complexité est encapsulée dans le modèle, de manière à ce que les décisions soient simples à prendre.

A un moment ou l’intelligence artificielle est à la mode, il est intéressant de noter que celle-ci procède de manière très similaire à l’intuition humaine : sur une base d’exemples accumulés, l’IA procède par analogies, et va déduire qu’une photo représente un cheval, sans mener un raisonnement déductif.

Intuition et délégation.

La mise en œuvre d’un modèle intuitif permet aussi de déployer et de déléguer la prise de décision en temps réel dans l’ensemble de l’entreprise, au plus près des opérations. Les praticiens du Lean connaissent bien ça : un panneau kanban va permettre de déléguer la gestion des priorités de lancement et d’exécution au pied de la machine, sans attendre un cycle d’ordonnancement en retard du dernier aléa survenu…

Plus le modèle est intuitif, plus il est compris, et plus il est facilement adopté par l’ensemble des équipes.

N’est-ce pas là la démarche idéale pour faire face à un environnement complexe et changeant : déployer dans l’entreprise un réseau de prises de décisions fréquentes alignées sur la demande réelle appliquée au système d’ensemble ?

Intuition et système informatique

Quel est le rôle des applications supply chain dans ce contexte ?

La grande majorité de nos systèmes ERP sont basés sur des cycles formels de planification séquentiels, mensuels et hebdomadaires et ne brillent pas nécessairement par leur côté intuitif… Les solutions APS ont mis en œuvre des algorithmes permettant d’accélérer les prises de décision, mais souffrent souvent d’un effet boîte noire et sont questionnés par les planificateurs.

Nos solutions mettent en œuvre l’expertise accumulée par les équipes, au travers de la définition du modèle opératoire DDOM. Ce modèle permet en temps réel aux équipes supply chain et de production de prendre des décisions intuitives, sur des principes de pilotage visuel. Qui plus est, ce modèle s’enrichit au fur et à mesure de la nouvelle connaissance accumulée au travers de l’analyse des comportements de buffers de stocks, de temps et de capacité. Quelle que soit la complexité du modèle opératoire, il est critique que les signaux soient faciles à traiter au quotidien pour les équipes : écrans épurés, pilotage visuel, transparence, pilotage par exception.

Le raisonnement logique n’est pas exclu pour autant, rassurez-vous, mais au lieu d’être exercé au quotidien pour les décisions opérationnelles, il est mis en œuvre pour faire évoluer le modèle dans les processus DD S&OP et Adaptive S&OP.

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