Il y a parfois de la confusion quand on parle de flux tiré.
Beaucoup entendent « flux tendu ». Mais ce qui est tendu menace de rompre à tout moment, non ?
Donc flux tendu = risque de rupture. Par les temps qui courent, ce n’est pas rassurant.
Dans la méthodologie Demand Driven, on prétend mettre en place un flux tiré d’un bout à l’autre de la supply chain, en intégrant des « buffers ».
Des buffers ? De stock, de temps, de capacité ? Mais si on met des buffers alors on ne tend pas les flux, non ? Est-ce compatible avec du flux tiré ? Le lean ne promeut-il pas l’élimination des gaspillages, et donc des buffers ?
Il y a de quoi être perdu, non ?
Qu’est-ce que le flux tiré ?
La définition que je préfère du flux tiré est de déclencher les approvisionnements (achats, fabrication, transferts inter sites) sur la base de consommations réelles.
Une consommation réelle est une commande ferme, ou encore mieux une sortie de stock au titre d’une commande ferme.
C’est par exemple l’information captée au point de vente : la caisse enregistreuse de votre supermarché ou la validation du panier de votre site de e-commerce préféré.
Si cette information est captée que c’est elle qui déclenche une succession d’actions dans la chaîne d’approvisionnement amont, c’est bien qu’on tire le flux à partir d’une consommation réelle.
N’allez pas chercher des exemples de flux tiré trop loin, il est probable que vous utilisez déjà cette technique pour faire vos courses.
Qu’est-ce que le flux tendu ?
Un flux est dit tendu lorsque l’approvisionnement et la consommation sont synchronisés au plus juste.
A l’extrême, le pack de yaourts que vous vouliez acheter est mis en rayon quelques minutes avant que vous ne tendiez la main pour le mettre dans votre caddy.
Le flux tendu induit donc une recherche d’excellence en réduisant les gaspillages, dont les temps d’attente et les surstocks. Tendre les flux, au sens de réduire les délais, permet de développer l’agilité de la supply chain. Mais tendre les flux, au sens de réduire les buffers, risque de fragiliser la chaîne.
Toute supply chain est en butte chaque jour avec des perturbations, des variations de demande et des aléas d’approvisionnement, qui rendent illusoire une synchronisation parfaite.
Des buffers pour tirer le flux sans le désamorcer
La notion de buffer qui est décrite plus en détail dans cet article est un mécanisme qui permet à la fois de créer de l’agilité et de rendre les opérations plus robustes.
Il s’agit de positionner dans la chaîne des stocks, des capacités et des marges de délai, de les dimensionner au mieux, et de les piloter en permanence.
Ce sont ces deux derniers points : dimensionner ni trop, ni trop peu – piloter avec des règles de gestion et d’action claires – qui évitent de basculer soit du côté de la fragilité d’un flux trop tendu, soit dans le gaspillage de buffers trop élevés.
Un modèle holistique à adapter en permanence
Pour que votre modèle de flux tiré vous permettre de répondre aux besoins de vos marchés sans courir le risque des flux trop tendus, vous devez le concevoir comme modèle de pilotage de l’entreprise : il doit couvrir l’ensemble de vos opérations (distribution, production, approvisionnements), il doit être intégré à vos systèmes d’information, et son adaptation doit être supervisée par votre équipe de direction, car il s’agit bien de piloter les prises de risque pour rendre opérationnelles les directions stratégiques.