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Projeter les stocks en période d’incertitude

Par Bernard Milian
Question mark in blocks

L’avenir est incertain, nous le savons. La demande réelle diffèrera des prévisions. Les approvisionnements, la production subira des aléas. Par conséquent, projeter les stocks comporte une incertitude importante – comme nous l’avions décrit dans cet article, le stock projeté est une illusion.

Malheureusement, nos systèmes ERP affichent ce stock projeté comme tableau de chiffres, et donc notre cerveau a tendance à interpréter ces projections comme des faits. Bien entendu, nous savons que ça ne va pas se produire comme ça, cependant dans le dialogue avec des approvisionneurs ou des planificateurs on se rend compte que ceux-ci basent leurs décisions sur ces projections : « ça va passer car on reçoit un approvisionnement avant ». On ne se pose pas naturellement la question de « et si une nouvelle commande arrive ? » ou « et s’il y a un retard de production ?».

La notion de facteur de risque et d’incertitude a tendance à être occultée lorsque vous regardez la projection MRP sous forme de tableau de chiffres.

Projeter les stocks sous forme de graphes, et en matérialisant des zones de risque, donne un autre aperçu. Une projection de stock DDMRP est en fait une simulation des réapprovisionnements de buffers de stock, en appliquant dans le futur la règle de dimensionnement de la boucle de réapprovisionnement, et de déclenchements de ces réapprovisionnements.

Exemple : pour l’article ci-dessous, je calcule la boucle de réapprovisionnement sur la base de la consommation historique sur les 12 dernières semaines. Au vu de mon hypothèse de prévisions pour la période à venir, le buffer devrait fluctuer significativement :

C’est déjà intéressant pour le planificateur de visualiser ça – ça va swinguer sur cet article…

Nous allons simuler le déclenchement des réapprovisionnements, en projetant l’équation de flux disponible. Chaque fois que celle-ci tombe au top du jaune, on recomplète la boucle au top du vert.

Intéressant. On voit que pendant un temps, entre les deux bosses de la projection, on va arrêter de commander.

Voyons ce que ça donne au niveau du stock projeté (courbe en noir)

Ce n’est pas super. Si les prévisions se matérialisent, nous avons deux périodes où le stock sera vraiment très bas dans la zone rouge, et donc à risque. Demandons à notre moteur de simulation de nous générer des ajustements de zone pour éviter que le stock projeté ne descende trop bas.

La projection est meilleure : j’évite de descendre trop à risque.

Mais est-ce réellement le bon réglage pour cet article, dans la période à venir ? En général la boucle de réapprovisionnement de cet article est basée sur la consommation historique des 12 dernières semaines. Si je crois dans les prévisions des périodes à venir, qui intègrent des promotions confirmées pour certains canaux de vente, peut-être devrais-je calculer mon buffer sur prévision ?

Voyons ce que ça donne.

Ah oui, c’est bien mieux… Mais est-ce une illusion ? Si je calcule mon buffer sur cette prévision, que je le fais augmenter fortement dès maintenant, et que finalement la consommation future ressemble plus à ma consommation historique qu’à ma prévision, est-ce que je ne vais pas créer un énorme surstock ? Et si la deuxième vague de forte demande ne se matérialise jamais ?

Je peux envisager une autre tactique : calculer pour la période à venir mon buffer pour 50% sur l’historique, et 50% sur prévision.

Ça semble être un compromis intéressant. Je prends moins de risque à court terme, j’attends un peu que la prévision se confirme, c’est mieux que de ne regarder que dans le rétroviseur, mes réappros sont plus réguliers, et en mixant historique et prévisions sur cet article je me prémunie contre un excès d’optimisme ou de pessimisme.

Mon stock projeté descend à peine dans la zone rouge, donc j’ai la flexibilité d’encaisser de la variabilité en amont ou en aval. Je ne monte pas non plus trop haut.

Pour un planificateur, visualiser les projections de cette manière change la perspective. Je ne raisonne plus « faire arriver telle quantité à tel moment » mais « quel est le modèle le plus robuste pour faire fasse à l’incertitude dans les mois à venir ?».

Avez-vous compté le nombre de points d’interrogation dans cet article ? C’est tout le sujet : amener les planificateurs à s’interroger sur le degré d’incertitude, et à ne surtout pas interpréter une prévision comme certitude !

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